
« Ensemble, Pierre et Jean montaient au temple, à l’heure de la prière : c’était la neuvième heure. 2Or on apportait un homme boiteux de naissance, qui était placé tous les jours à la porte du temple appelée la Belle, pour demander l’aumône à ceux qui entraient dans le temple. 3Voyant Pierre et Jean qui allaient y entrer, il leur demandait l’aumône. 4Pierre, de même que Jean, fixa les yeux sur lui et dit : Regarde-nous. 5Et il les observait, s’attendant à recevoir d’eux quelque chose. 6Mais Pierre lui dit : Je ne possède ni argent, ni or ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth : lève-toi et marche ! 7Le saisissant par la main droite, il le fit lever. A l’instant, ses pieds et ses chevilles devinrent fermes ; 8d’un bond il fut debout et se mit à marcher. Il entra avec eux dans le temple en marchant, sautant et louant Dieu. 9Tout le peuple le vit marcher et louer Dieu. 10On le reconnaissait : c’était celui qui était assis à la Belle Porte du temple pour (demander) l’aumône, et les gens furent remplis de stupeur et d’étonnement au sujet de ce qui lui était arrivé. 11Comme il ne quittait pas Pierre et Jean, tout le peuple stupéfait accourut vers eux, au portique appelé de Salomon. » (Actes 3.1–11)
Chacun de nous a des habitudes et des lieux dans lesquels nous nous rendons de manière régulière. Nous avons pris nos repères et il n’est pas rare que nous ayons même établi notre place de choix. En première lecture, le texte de notre méditation d’aujourd’hui nous décrit une scène de vie que l’on pourrait être tenté de définir « de routinière ».
Pierre et Jean ont pour « habitude » de monter au temple à l’heure de la prière, et « tous les jours » à la porte du temple il y a un boiteux qui fait l’aumône. Les jours et les semaines se suivent et cette scène se renouvelle. Très souvent, les faits et gestes qui s’inscrivent dans l’habitude ont tendance à nous faire agir comme des automates et donc à ne plus vivre le moment comme un instant nouveau mais davantage à accomplir notre rituel pour passer à la prochaine occupation qui se trouve sur notre liste. A cause de tout cela, très souvent, nous passons à côté d’incroyables occasions de partager ce que nous avons reçu.
Pierre et Jean, montent au temple pour la prière mais leur cœur et leurs regards sont à la recherche de ceux et celles à qui ils pourront partager leur trésor, alors que l’ensemble du peuple y compris le boiteux, étaient là pour recevoir.
Avec quel regard et quel désir arpentons-nous les marches de l’église quand nous allons pour la prière ? Avons-nous conscience de notre rôle de « dispensateurs » de la grâce ?
L’apôtre Pierre affirme : « Comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, que chacun de vous mette au service des autres le don qu’il a reçu, 11Si quelqu’un parle, que ce soit comme annonçant les oracles de Dieu; si quelqu’un remplit un ministère, qu’il le remplisse selon la force que Dieu communique, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et la puissance, aux siècles des siècles. Amen! » (1Pierre 4.9–11)
Le boiteux de son côté n’avait jamais connu la joie de pouvoir marcher et courir comme les autres, car il était boiteux depuis sa naissance. Son état physique ne lui permettait pas de travailler, et il ne pouvait pas compter sur quelconque allocation pour vivre. Tous ceux qui étaient dans cette situation, n’avaient d’autre recours que de demander l’aumône, et certainement la concurrence était rude. Ce pauvre homme voit passer devant lui Pierre et Jean et il tend la main dans l’espérance de recevoir une petite pièce. Ce n’est pas grand-chose une petite pièce n’est-ce pas ? Que ce soit par compassion, par pitié ou pour accomplir une bonne action et espérer s’attirer la faveur de Dieu, peu importe, une petite pièce permet de manger et de ne pas se coucher le ventre vide. Cette main tendue a reçu, parfois une pièce, très souvent rien, d’innombrables fois cette main n’a reçu que mépris et jugements. Mais quand il n’y a pas le choix, on avale sa fierté et on tend la main.
Mais reprenons notre lecture : « 3Voyant Pierre et Jean qui allaient y entrer, il leur demandait l’aumône. 4Pierre, de même que Jean, fixa les yeux sur lui et dit : Regarde-nous. 5Et il les observait, s’attendant à recevoir d’eux quelque chose. 6Mais Pierre lui dit : Je ne possède ni argent, ni or … »
MINCE a dû se dire, en lui-même, le pauvre homme ; Alors que Pierre a dû se dire CHOUETTE, j’ai trouvé à qui pouvoir dispenser de la grâce…
« 6Mais Pierre lui dit : Je ne possède ni argent, ni or ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth : lève-toi et marche ! 7Le saisissant par la main droite, il le fit lever. A l’instant, ses pieds et ses chevilles devinrent fermes ; 8d’un bond il fut debout et se mit à marcher ».
Voyez-vous, tout autour de nous il y a des mains tendues qui attendent une aide, mais bien des fois nous ne les voyons pas car trop absorbés par nos habitudes et nos propres besoins. Venir à Dieu en lui apportant nos besoins est une chose normale et légitime, mais offrir aux autres ce que nous avons reçu, est une responsabilité. « Ainsi, qu’on nous regarde comme des serviteurs de Christ, et des dispensateurs des mystères de Dieu. 2Du reste, ce qu’on demande des dispensateurs, c’est que chacun soit trouvé fidèle. » (1 Corinthiens 4.1–2)
Si nous pouvions avoir un moment de partage avec Pierre et Jean en profitant de faire le bilan de la journée, je suis certain qu’ils nous diraient : Ah ! si vous aviez pu voir notre joie et notre reconnaissance à Dieu pour avoir guéri cet homme, et quelle incroyable occasion d’évangélisation quand «… ses pieds et ses chevilles devinrent fermes ; 8d’un bond il fut debout et se mit à marcher. Il est entré avec (nous) dans le temple en marchant, sautant et louant Dieu. 9Tout le peuple l’a vu marcher et louer Dieu. 10On le reconnaissait : c’était celui qui était assis à la Belle Porte du temple pour (demander) l’aumône, et les gens ont été remplis de stupeur et d’étonnement au sujet de ce qui lui était arrivé.»
Si cette journée qui ressemblait aux précédentes a été agréablement et incroyablement bousculée, c’est bien évidemment par la grâce de Dieu, mais aussi parce que Pierre et Jean avaient le désir de donner ce qu’ils avaient reçu. Sommes-nous prêts à en faire autant ?
Alors que les mains et les regards se tournent vers nous, avons-nous conscience que ni l’or ni l’argent ne pourront apporter une réponse définitive aux problèmes des hommes ? Mais ce que nous avons reçu et qui est plus précieux que tout, peut guérir, affermir en transformant de manière durable les vies de ceux qui acceptent de se laisser saisir par Christ. Pierre a osé saisir la main du boiteux ! Sommes-nous prêts à tendre notre main pour donner, plus que pour recevoir ?
Pasteur Emmanuel INSINGA